Carmen, mensonges et vérités - samedi 12 avril 2025 à 17h au musée Montébello
Par Claude Baumann
Au travers de documents anciens et de souvenirs personnels, Claude Baumann fera revivre, depuis sa création jusqu'à notre époque, Carmen, cet opéra qui était, soit-disant, maudit, mais qui est aujourd'hui l'opéra le plus joué dans le monde.
Est-ce vraiment un opéra maudit ?
Il ne vous a pas été possible d'assister à la conférence? Retrouvez-en l'essentiel ci-dessous.
Il y a 150 ans, le 3 mars 1875, était créée sur la scène de l’Opéra-Comique « Carmen ».
Que de difficultés et de péripéties avant ce jour !
Que de mensonges, de controverses et de légendes racontés dans la presse de l’époque et
encore de nos jours !
Carmen, opéra maudit !
- C’est faux. C’est l’opéra le plus joué dans le monde.
Georges Bizet se serait suicidé suite à l’échec des premières représentations !
- C’est faux. Le public a très vite adhéré à l’œuvre.
Les artistes de la création n’étaient pas à la hauteur !
- C’est faux. Ils ont tous été très appréciés et ont fait une belle carrière.
Alors ! Que s’est-il passé ?
Une partie des spectateurs de la Première, habituée à entendre des œuvres plus sages, plus romantiques, moins violentes, a été surprise par cet opéra moderne, peut-être d’avant-garde, où une musique expressive accompagne un chant dont les vocalises sont absentes.
Le thème de la pièce a aussi choqué : Carmen est une femme volage, volontaire même violente, ce qui n’était pas dans la tradition de l’opéra-comique. C’était le théâtre des familles où l’on venait souvent pour faire de belles rencontres. Dans les œuvres données sur cette scène, tout se terminait bien. Le ténor épousait la soprano.
Là, Carmen est tuée par Don José : l’opéra se termine dans la violence et un bain de sang. De plus, Don José déserte l’armée pour suivre Carmen dans la contrebande, une situation inimaginable en 1875.
Il y a eu 48 représentations de Carmen en 1875, ce qui, pour un «demi-échec», a été plutôt un grand succès.
Le 10 novembre 1959, Carmen entre officiellement à l’Opéra Garnier, dans des décors de Lila de Nobili et une mise en scène de Raymond Rouleau. Jeanne Rhodes était Carmen. C’était le spectacle idéal pour qui voulait se rendre à l’Opéra pour une première fois. Des airs connus, du mouvement, de la danse, de l’émotion, de l’angoisse, tout cela dans une ambiance cinématographique qui mettait en relief l’Espagne du XIXème siècle avec toute sa splendeur et son réalisme. Cette production sera donnée sur la scène de Garnier jusqu’au début des années 70.
Aujourd’hui, Carmen est souvent présentée dans des mises en scène décalées, appréciées ou non par le public, mais c’est un opéra qui fera toujours parler de lui et qui, par sa musique, continuera de charmer les oreilles, si ce ne sont les yeux.
Allons voir ou revoir Carmen, sans oublier que
«l’amour a toujours été enfant de Bohême et n’aura jamais de loi !».